MODE D'ACTION DU GÈNE C
Colorpoint, pourquoi une restriction de la couleur aux extrémités ?
Le chat présente la particularité de posséder pas moins de 5 variantes
dans l’intensité de la pigmentation de sa robe et de ses yeux.
Un chat génétiquement noir peut ainsi apparaître :
- Noir aux yeux verts, or, etc. ("C/-")
- Zibeline aux yeux cuivres ("cb/cb")
- Natural mink aux yeux aigue-marine ("cb/cs")
- Seal point aux yeux bleu foncé ("cs/cs")
- Ou Blanc aux yeux bleu délavé ("ca/ca")
Et tout ça du simple fait d’une unique enzyme…
La fabrication des couleurs
La fabrication des pigments mélaniques responsables de la couleur du poil
correspond à une cascade de réactions chimiques et enzymatiques. A partir d’éléments
simples (acides aminés), l’organisme élabore des molécules de plus en plus
complexes. Certaines de ces réactions dépendent de la présence d’un
catalyseur, en l’occurrence la tyrosinase (Figure 1). Cette enzyme est
indispensable à la synthèse des mélanines présentes dans le poil et
l’iris.
Figure 1 : Synthèse mélanique
Des cafouillages dans la fabrication des mélanines
L’existence des patrons colorés de la série génétique "C" correspond à des anomalies de fonctionnement de la tyrosinase. Deux types d’anomalies sont décrits :
Absence d’enzyme ou enzyme inactive
L’absence d’activité tyrosinase aboutit à l’absence de fabrication de
mélanine : l’animal est albinos.
Chez le chat albinos parfait (albinos aux yeux rouges, par analogie avec ce
qui existe chez la souris, mais dont l’existence est loin d’être certaine),
les cellules pigmentaires ne fonctionnent pas correctement et la couleur ne
s’exprime pas. Le chat n’est pas transparent bien sûr mais le poil, qui ne
contient aucun pigment, apparaît blanc, l’iris apparaît rosâtre, le fond de
l’œil, non pigmenté, est rouge (présence des vaisseaux sanguins vus par
transparence).
Une variante est l’albinos aux yeux bleus. Et celui là, il existe, c’est
sûr (alors que l'albinos aux yeux rouges ... serait plus une idée qu'un chat
en chair et en os !).
Enzymes ayant subi une mutation qui les fragilisent (les rendant plus sensibles à la chaleur).
La tyrosinase normale est prévue pour fonctionner à la température
corporelle avec une large marge en plus et en moins. Elle peut assurer son rôle
à la température cutanée d’un chat aussi bien en Islande que sous les
tropiques.
Des mutations du gène "C" rendent la tyrosinase plus sensible à
l’action de la chaleur :
Allèle "cs"
L’allèle "cs" entraîne la fabrication par le chat d’une tyrosinase incapable de fonctionner à température normale.
A la température corporelle, l’enzyme est inhibée, la fabrication de mélanine
est presque stoppée, le poil reste quasi blanc. Aux extrémités (nez,
oreilles, doigts, queue, etc.) la température est plus fraîche qu’au niveau
du corps et la tyrosinase arrive à fonctionner. Le chat colourpoint a ainsi une
coloration typique : il a le corps "blanc" et ce qu’on appelle
les "points" pigmentés.
Allèle "cb"
La tyrosinase associée à l’allèle "cb" est moins modifiée que
celle liée à l’allèle "cs". Elle est capable de travailler à des
températures plus élevées mais toujours pas à la température classique.
On observe donc chez les chats sépia le même phénomène que chez les chats
colourpoint mais de manière moins intense. Le chat obtenu, dont l’archétype
est le Burmese, présente des points bien pigmentés et un corps modérément
coloré.
Conséquences sur les relations de dominance au sein du groupe "C" :
Connaissant l’origine des différents allèles, on comprend facilement les
différents patrons colorés qui existent et les relations qui s’établissent
entre les différents allèles du groupe "C" :
Le chat entièrement coloré :
Il a la tyrosinase "d’origine". Or, la nature est généreuse :
Il suffit au chat de posséder un allèle "C" pour produire de la
tyrosinase parfaitement fonctionnelle en quantité suffisante pour compenser une
éventuelle déficience du 2éme allèle du gène "C" et colorer entièrement
le chat. Autrement dit, la nature de l’allèle présent sur le 2ème
chromosome n’a aucune conséquence visible sur la couleur de l’animal. Un
chat "C/C" aura la même couleur qu’un chat "C/cb",
"C/cs" ou "C/ca".
Lorsqu’on attaque les allèles mutants, c’est une autre histoire
Un chat albinos ne produit pas de tyrosinase.
Il est forcement "ca/ca" puisque tous les autres allèles
produisent de la tyrosinase, même si elle est "frelatée".
Le chat point :
Un chat colourpoint produit une tyrosinase "de contrebande" mais il
en produit néanmoins suffisamment pour que le chat "cs/cs" soit de même
couleur que le chat "cs/ca".
Le chat sépia :
Un Burmese produit une tyrosinase moins modifiée que celle du colourpoint
mais à peine. Un seul allèle "cb" ne suffit pas à donner les
teintes sépia. Un chat "cb/cb" est facile à distinguer d’un chat
"cb/cs" qui correspond aux teintes mink du Tonkinois.
Le chat mink
La teinte du Tonkinois est intermédiaire entre celle du Burmese et celle du
Siamois : une dose de tyrosinase "cb" augmente la densité de la
teinte fournie par la dose de tyrosinase "cs".
Conséquences sur la couleur "point" et son évolution
Des teintes en fonction de la température.
Évolution de la couleur du nouveau-né à l’adulte :
Le chaton Siamois qui, dans l’utérus de sa mère, mijote à 38°, naît
tout blanc. A la naissance, il subit une chute de température et la synthèse
de mélanine commence : à 2 – 3 jours un seal point a le bord des
oreilles ourlé de noir.
Le chaton Burmese "cbcb" naît légèrement teinté mais est loin
d’avoir l’intensité qu’il aura adulte.
Les conséquences d’une tonte :
Après une tonte, le poil tend à repousser plus foncé puisque la zone
tondue, non protégée par le poil, tend à être plus froide. Le phénomène
est réversible et le chat reprend sa teinte d’origine lorsque le poil se
renouvelle.
Conséquences de l’hyperthermie :
Lorsque les points sont maintenus relativement longtemps à température élevée,
la teinte a tendance à diminuer ; par exemple lors de fièvre (dépigmentation
des points), de conjonctivite (apparition de "lunettes")…
Il n’y a pas que la température, loin de là.
D’autres paramètres agissent sur l’intensité de la couleur :
Des phénomènes génétiques :
Certaines lignées et certains chats ont le corps plus foncé que d’autres.
Le chocolat point et le lilas point ont plus facilement le corps clair que
les seal et les bleus point.
Les dépigmentations du tour de l’œil (lunettes) sont plus fréquentes
chez le chocolat point.
Les hormones :
Les hormones interviennent dans le processus de fabrication de la mélanine,
quelle que soit la couleur de l’animal. Néanmoins, cette action est plus
spectaculaire chez les colourpoints que chez les chats entièrement colorés. On
note fréquemment que les chattes colourpoints tendent à foncer lorsqu’elles
ont des petits ; elles redeviennent plus claires ensuite.
L’âge :
L’évolution classique de la couleur, chez le Siamois comme chez le
Burmese, est de foncer avec l’âge.
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